Le ministre de l’Intérieur a diffusé un télégramme trois jours après l’attaque au camion sur la Promenade des Anglais aux services de police et de gendarmerie. Dans ce document, que metronews s’est procuré, Bernard Cazeneuve préconise l’installation de « chicanes » et de « dispositifs bloquants amovibles » pour sécuriser les grands rendez-vous estivaux. Des moyens, semble-t-il, absents à Nice au soir du 14 juillet.
Festivals, feux d’artifice du 15 août, accès aux plages… La saison estivale risque d’être encore longue. Pour sécuriser les grands rendez-vous de cet été, Bernard Cazeneuve a envoyé un télégramme à ses troupes, trois jours après l’attentat de Nice. Dans ce document daté du 17 juillet 2016, et que metronews s’est procuré, le ministre de l’Intérieur rappelle aux policiers, gendarmes et états-majors, la conduite à suivre pour sécuriser les « personnes et [les] biens pendant la saison estivale ».
Selon lui, l’attaque de Nice « confirme […] le caractère diffus et protéiforme » des « actions criminelles dirigées contre la France pouvant émaner de projets construits par Daech ou décidés par des individus ou des groupes agissant d’initiative puis validées a posteriori par l’organisation terroriste ». Autrement dit, « le mode opératoire inédit et la personnalité de l’auteur », inconnu des services de renseignement, mènent à repenser la sécurisation de l’espace public.
Des chicanes et des herses
Il rappelle formellement aux préfets d’engager « systématiquement » des réunions de travail avec les organisateurs, les maires, les responsables de sites. Réunions qu’ils devront présider « eux-mêmes ». « Dans tous les cas, vous validerez personnellement les conclusions et le dispositif en découlant », écrit-il. Outre les mesures de police administrative, le ministre de l’Intérieur recommande de mettre en place des « dispositifs spécifiques destinés à empêcher ou ralentir la circulation des véhicules » aux abords des lieux à forte concentration.
Il ajoute : « Vous privilégierez l’installation de chicanes [blocs de bétons ou en plastique créant des virages, NDR] ou de dispositifs bloquants amovibles ». Afin, justifie-t-il, de « maintenir en toute circonstance » l’accès aux véhicules de secours. Des herses, semble-t-il, absentes à Nice le soir du 14 juillet, que les détracteurs du gouvernement n’ont pas hésité à pointer. Auraient-elles pu empêcher l’attentat ? Une question sur laquelle le rapport de la « police des polices » se penchera sans doute. Selon nos informations, il doit être rendu public en milieu de semaine.
Les soldats de Sentinelle priés de ne pas s’approcher des foules
Autre évolution, les patrouilles de militaires de la force Sentinelle devront adopter des « postures dynamiques » – et non statiques – ce qui était en partie déjà le cas à certains endroits, « compte tenu du caractère désormais global et indifférencié de la menace ». Les soldats sont par ailleurs priés de ne pas être « au contact direct des foules des grands rassemblements » et de ne pas « interférer » avec les opérations de maintien de l’ordre. Enfin, Bernard Cazeneuve rappelle que la loi qui prolonge l’état d’urgence permet aux préfets de limiter, voire d’interdire les rassemblements publics, s’ils estiment que la sécurité n’est pas à la hauteur.
Une mesure que réclamait depuis plusieurs jours Philippe Capon, secrétaire général de l’Unsa-Police. « Certaines fêtes, concerts ou événements en plein air doivent être annulés cet été. La sécurité ne peut pas être assurée à 100% », assure-t-il, sollicité par metronews. Selon lui, certaines consignes adressées aux policiers sont mêmes « contradictoires ». « Par exemple, on nous demande de fluidifier les accès aux événements sans compromettre à la sécurité », avance-t-il. Une des solutions pourrait être de recourir davantage à la sécurité privée. Un coût supplémentaire que les collectivités locales affirment supporter avec difficulté.